Habib Bourguiba a été Président de la Tunisie de 1956 jusqu'à sa destitution (pour raison médicale) en novembre 1987.
Le président tunisien Habib Bourguiba ne cachait pas son admiration pour le kémalisme. Bourguiba a instauré un Code laïc du statut personnel et de la famille suivant les traces et l'ouverture d'esprit de son prédécesseur turc. Tous les juristes et intellectuels réformistes convaincus par ses idées progressistes et laïques ainsi que tous ceux qui ont vécu ou accompagné ces réformes, lui vouent une reconnaissance éternelle, surtout depuis 2011 avec l'arrivée au pouvoir des religieux qui ont mené le pays vers une désastreuse régression politique, sociale et économique.
Il a instauré, depuis 1957, le CSP (Code du Statut Personnel), un code laïc du droit de la famille, faisant de la Tunisie le premier et le seul pays arabe à ne pas appliquer le Droit musulman. Dans un monde machiste, de conformistes religieux et de "cerveaux gelés", Bourguiba a toujours tenu à démontrer que ce Code n’était en rien contraire aux préceptes de l’Islam. Il s’oppose simplement aux pratiques archaïques et rétrogrades qu’on avait l’habitude d’imputer, à tort, à Dieu et son Islam. Avec le CSP, Bourguiba va soustraire des mains des religieux l’organisation et le règlement du droit et des affaires de la famille, pour les confier au législateur. Désormais, la polygamie est interdite et l'homme ne peut plus répudier sa femme. Le divorce peut être demandé aussi bien par l'homme que par la femme, mais ne se fera que par et devant le juge. Depuis cette date, il a établi l'égalité juridique de l'homme et de la femme dans la famille, dans la société et devant les urnes. Par ce code de la famille, il donne à la femme une véritable existence juridique au sein de la famille, depuis les fiançailles jusqu'au divorce.
Bourguiba a ouvert la voie à la libération de la femme en joignant, avec son éternel sourire convaincant, le geste à la parole et en la débarrassant du voile blanc traditionnel tunisien appelé "safsari". Il n'a pas cessé de l'encourager de s'affirmer dans la vie publique, dans ses études supérieures, son émancipation et sa réussite socioprofessionnelle.
Le planning familial et le contrôle des naissances sont instaurés depuis les années 1960, avec la volonté de mettre un frein au taux de natalité élevé en abrogeant en 1961 la loi interdisant l'importation et la commercialisation des produits contraceptifs et, depuis 1961, en limitant les allocations familiales aux seuls quatre premiers enfants du foyer. En 1965, une loi est promulguée pour autoriser l'IVG (Interruption Volontaire de Grossesse) à la femme ayant déjà 5 enfants et, depuis 1973, l'avortement libre a été instauré à toute femme sans conditions de nombre d'enfants. On notera que la France (par exemple) n'a instauré ce droit qu'en janvier 1975 (Loi Simone Veil sur l'avortement) après de longues batailles juridiques, sociales et parlementaires
Il a accordé à la femme l'égalité juridique et politique devant les urnes. Et, cas unique dans le monde, il a décrété un jour férié national pour la journée de la femme.
Sur le plan éducatif, pour l'ouverture du Tunisien sur le monde extérieur, Bourguiba a imposé dès l'école primaire l'apprentissage simultané de l'arabe littéraire et du français. A partir de l'enseignement secondaire, il a instauré l'apprentissage d'une troisième langue, à choisir entre l’anglais, l'italien, l'espagnol ou l'allemand. Pour les adultes et les non scolarisés, il a créé depuis 1958, l'Institut "Bourguiba School" pour l’enseignement de la langue anglaise. Par la suite, cet Institut a évolué vers l’enseignement d'autres langues dont l'italien, l'allemand et l'espagnol. Aujourd'hui, l’Institut est rattaché à l’université de Tunis et on y enseigne en plus le portugais, le japonais, l’hébreu, le russe et le chinois.
Après sa mort en avril 2000, à l'entrée de son mausolée, on peut lire : " Ici gît Habib Bourguiba, libérateur de la femme ".
Malgré son envergure politique et sa vision très réformiste des affaires socioreligieuses, on peut regretter que Bourguiba n'ait pas eu l'audace de révolutionner le Droit successoral tunisien, qui reste encore de source coranique et où on continue à pratiquer cette règle devenue absurde de nos jours : "au mâle la part de deux femelles".
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